Deux irremplaçables… Macron et le Sénat !

France. Paris le 2017/12/13
Conference de Presse finale du G5 Sahel au Chateau de la Celle Saint Cloud.
Emmanuel Macron portrait President de la Republique

A force de le voir évoluer au sommet de lEtat, on en vient parfois à oublier quEmmanuel Macron nest quau début de sa carrière politique. Les haines recuites entre les protagonistes plus agés de la vie publique lui ont laissé le champ libre à un moment précis de notre histoire, il y a deux ans.Des mérites certains et une chance insolente ont fait le reste en lui permettant d’éviter les apprentissages en principe obligés de la vie pubique, tel laccomplissement des mandats territoriaux.

Cette originalité lui dessine un profil dexception sans lui conférer pour autant une vraie réputation professionnelle. Il y a souvent dans le public une différence entre ladmiration et la confiance. Electrices et électeurs aiment la fougue de la jeunesse tout en flairant chez le débutant une possible source de déconvenues. Dans linévitable pesée des avantages et des inconvénents, latout de disposer dun « homme neuf » a pesé, voici somme toute peu de temps, plus lourd que lappréhension des tatonnements. Mais lexcessive personnalisation du pouvoir sous la V ème République pousse déja, cependant, à reconsidérer les plateaux de la balance

Comme on aurait du mal à trouver aujourdhui chez les chroniqueurs un portrait nuancé de de notre chef de lEtat, risquons nous à lexercice. A-t-il vraiment commis beaucoup derreurs, ce jeune président ? Assurément oui. Et lon enrage en constatant quelles ont presque les mêmes causes que celles de ses prédecesseurs : « timing » brouillon, indécision, communication hasardeuse, centralisation élyséenne poussée jusqu’à labsurde, etcSont-elle excusables ? Oui, presque toutes sauf une qui présente lallure dune faute : senferrer dans ce quil est convenu dappeler « laffaire Benalla » en distillant les provocations incongrues, de style « quon vienne me chercher ». Le pire pour lui maintenant serait de prendre prétexte de la curiosité de la commission denquête sénatoriale dédiée au dossier précité pour partir dans une croisade contre la chambre haute et le bicamérisme. La vindicte est toujours mauvaise conseillère. Souvenons-nous toujours de lair gêné de lAmiral de Gaulle et de Maurice Couve de Murville lorsquils vinrent sasseoir, bien contents de jouer encore un petit rôle, dans lhémicycle que le fondateur de la Vè avait voulu supprimer !

Le principal souci du premier magistrat de notre pays devrait être de mettre fin à la crise dite « des gilets jaunes » . Ce mouvement est tellement divers que jeter le Sénat en pature à la foule déchaînée ne changerait pas grand chose. Dailleurs, quitte à faire droit aux réclamations les plus populistes, notons que le départ de lactuel Président de la République est encore plus demandé que l’éviction des élus du Palais du Luxembourg. Cest dailleurs, paradoxalement, le caractère absurde et excessif de cette revendication qui protège le plus le chef de lEtat. Na-t-il pas été élu au terme dune présidentielle certes riche en coups de théâtre mais tout à fait régulière ? Par quelle voie procédurale, hors démission de lintéressé, pourrait-on déclencher un « empeachment » à la française provoquant une nouvelle élection ? Que ses adversaires le veuillent ou non, le locataire de lElysée reste pour le moment « irremplaçable » à la fois au nom du droit et en raison du contexte politique car on ne lui distingue pas de successeur crédible. On pourrait même dire, sous forme de plaisanterie, quil est comme le Sénat, cet autre « irremplaçable » de notre vie publique. Cest un grand avantage pour Emmanuel Macron mais cela lui confère aussi lobligation de montrer,  en se faisant aider au besoin par des politiques chevronnés, que la démocratie représentative reste encore capable de venir à bout dun conflit protéiforme.

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